Déroulement du projet
La FUL d’Arlon envoya le professeur Pierre Scholtes une première fois sur le terrain du 17 au 24 avril 1999. Voir en annexe 2 son rapport de mai 1999.
En septembre 1999, une délégation de la Comme de Roeser et de l’ONG SHR rendit visite à la Communauté. Lors de son passage à Salta, cette délégation rencontra à l’Université les professeurs qui avaient entrepris les travaux de diagnostic. Ils montrèrent en particulier les cartes dressées à partir de données disponibles et des premières reconnaissances sur le terrain. La carte des eaux et les zones sensibles à l’érosion, notamment celles affectées par la pose du gazoduc étaient particulièrement d’actualité. En annexe 3, un court résumé du voyage mentionne cette visite.
En septembre 2000 SHR transmit par fax le message dont copie en annexe 4, reprenant la mention des différentes sommes transférées jusque là à la Communauté pour la réalisation du projet diagnostic, à savoir 51.679 USD. En retour, la Communauté transmit le 19/10/2000 une liste complète de ses mouvements de fonds des 12 derniers mois, dans laquelle apparaissent les 3 sommes nettes reçues en compte en Argentine au titre du projet Diagnostic, frais de transferts déduits (voir annexe 5).
Compte tenu de ces transferts, d’un dernier transfert survenu en 2003 pour la gestion du proejt par Tinkunaku et des fonds remis à la FUL pour la contribution du professeur Pierre Scholtes, l’ensemble des transferts à l’action a été réalisé par SHR. (Voir rapport financier, calendrier des transferts à l’action).
En octobre 2000, vu l’avancement de l’étude et la disponibilité des fonds reçus du MAE, le professeur Pierre Scholtes de la FUL d’Arlon réalisa une deuxième mission (du 12 au 28 octobre 2000). Nous remettons son rapport en annexe 6. Il s’est notamment rapidement rendu compte de l’impact de la division de la communauté sur le diagnostic, ce qu’il détaille en particulier dans les pages 7 et 8 de son rapport de novembre 2000.
Lors de son deuxième voyage, Pierre Scholtes observa que des divisions importantes étaient intervenues entre les dirigeants des villages, notamment suite aux « cadeaux » offerts par les responsables de la société Techint afin d’obtenir la démobilisation des opposants au gazoduc. Ces cadeaux concernaient des promesses d’emplois, l’amélioration des chemins et routes, grâce à la présence des machines de génie civil, et des sommes d’argent, dans un premier temps promises aux chefs des quatre villages, qui devaient recevoir chacun 100.000 US$. Pour éviter des détournements individuels par les personnes concernées, Les responsables de la Communauté des quatre villages obtinrent un versement global sur le compte de la communauté. Dès lors certains responsables du village de Los Naranjos (tous membres ou proches de la famille Condori) firent ouvertement sécession. Ils avaient été les principaux négociateurs de ces indemnités, alors que les autres responsables de la communauté avaient plutôt défendu une stratégie d’opposition dure au passage du gazoduc. Vu les divergences de stratégie, les deux clans se disputaient la prépondérance dans la Communauté. Les Condori allèrent jusqu’à faire enregistrer une communauté séparée pour le Village de Los Naranjos, que l’avocat Zavaleta dut par la suite faire invalider. La force des Condori leur venait de leur relation traditionnelle avec le député justicialiste Barbera, ex Maire d’Oran. Le parti justicialiste est le parti conservateur, dominant à Salta, soucieux de ménager « les blancs », les grands propriétaires terriens et les industries. Les Condori ont toujours été les délégués communaux de la ville d’Oran, dans le village de Los Naranjos qui en fait partie. Ils disposent donc d’une influence réelle même si une bonne part des habitants du village a compris la légitimité et l’intérêt stratégique de la Communauté globale Tinkunaku réunissant les quatre villages.
Cette sécession entraîna le refus des gens de Los Naranjos de participer aux actions d’accompagnement des professeurs et étudiants de l’université dans les différents chemins de la Finca. De ce fait les chercheurs ne purent parcourir que la vallée Sud de la Finca (dans laquelle se trouvent les sites de Santa Cruz, Angosto de Parani et Rio Blanquito ; Santa Cruz est le lieu de la résidence estive des habitants de cette vallée, la plupart redescendent dans les villages de la partie basse, pendant l’hiver). Les deux vallées ne sont pas sensiblement différentes quant aux espèces animales et végétales, mais le domaine d’investigation s’en trouvait diminué.
Concernant le dossier juridique, il avait été décidé qu’il devait rester aux mains de l’avocat Maître Luis Diego Zavaleta, compte tenu des affaires en cours. L’obstruction des Condori les conduisit à s’opposer au versement de l’apport local de 10.000 USD en déposant plainte devant la justice pour détournement de biens sociaux. Pour faire face à ce budget manquant, il parut judicieux de ne pas réaliser la position « étude juridique » dans le projet diagnostic et de laisser les indigènes pourvoir à la rémunération de leur avocat, dans le cadre de la plainte déposée par les dissidents. Et en effet, la justice reconnut le droit de la communauté Tinkunaku de disposer des fonds, ce qui permit la rémunération de l’avocat, mais au-delà des délais espérés. Comme nous ne disposons pas de preuves ni de copie des factures de l’avocat, il nous est impossible de faire état de la réalité de l’apport local dans ce projet. Le résultat résumé par l’avocat en annexe 1 démontre cependant que le dossier juridique a été mené à bonne fin. Pour combler le reste du budget manquant il fut décidé d’utiliser la position « imprévus ».
Le 27 mars 200l, avant de partir définitivement pour l’Australie où il avait décidé d’émigrer avec sa famille, le professeur Pierre Scholtes nous a également fait parvenir un document de travail reflétant sa perception des travaux à faire et des attitudes à promouvoir. (Annexe 7).
En 2002 c’est l’ensemble des sommes présentes sur les différents comptes de la Communauté Tinkunaku qui furent paralysées pendant plusieurs mois, en raison du contrôle des changes très strict qui fut instauré pour toute l’Argentine sous le terme de « coralito » pour paralyser tous mouvements de fonds concernant l’étranger.
Néanmoins, le premier octobre 2002 le professeur Alfredo Pais transmettait au Président de la Communauté le rapport relatif aux ateliers 1 et 2 de Rio Blanquito et Angosto dont nous vous remettons copie en annexe 8. Dans la lettre de couverture, le professeur mentionne qu’il joint un compte rendu des dépenses et confirme que tous les frais ont été couverts par la Communauté qui était gestionnaire des fonds du projet à remettre à l’Université. Il signale aussi que le professeur responsable de l’étude de la flore fera son rapport en parallèle.
Le 1er octobre 2002 ainsi que le 30 décembre 2003, le professeur Nestor Aguilera chargé des études de géologie adressait à la communauté deux rapports intermédiaires. Voir annexes 9.
Entretemps, la FUL d’Arlon déplorait le départ définitif du professeur Pierre Scholtes pour l’Australie car elle ne disposait pas d’un autre professeur hispanophone. Compte tenu de cette déconvenue nous avons présenté à la FUL la candidature d’une personne de nationalité française, vivant à Luxembourg depuis 2000, née en Argentine où elle avait des études de licence et de doctorat en biologie, Madame Claudia Garin (voir CV en annexe 10). Malheureusement la FUL n’a pas retenu sa candidature et le budget prévu avait été consommé par les travaux du professeur Pierre Scholtes. Nous avons alors tenté d’obtenir le concours bénévole de Madame Garin à qui nous avons demandé de bien vouloir suivre l’évolution de l’étude. Suite à la visite de Pastor Quipildor et Eulogio Canaviri (des villages de Rio Blanquito et Angosto de Parani) en visite à Roeser en octobre 2002, nous avions reçu de leurs mains copie d’une grande partie des textes déjà rédigés par l’Université de Salta, nous recherchions donc le moyen de valoriser ces informations pour le public de Roeser. Cette démarche est reflétée dans le texte que nous avons transmis à cette occasion à Martin Herran et Alfredo Pais (voir annexe 11, non datée, envoyée début 2003). Ce texte énumère les documents dont nous avions reçu copie et revendiquait l’obtention des versions finales.
Malheureusement cette démarche est restée sans suite pour diverses raisons. Les indigènes étaient réticents à l’idée d’une publication qui pourrait à terme attirer des touristes ou favoriser le pillage de ressources locales, comme il ressort du document en annexe 13. La gestion des fonds étant devenue problématique du fait du coralito et de la division, les ONG ASTM et SHR n’étaient pas favorables à une augmentation du budget du diagnostic. La défense juridique était dans une passe difficile concernant les terres de la donation. Enfin Madame Garin préféra ne pas s’engager dans des efforts qui pourraient s’avérer vains et se consacra par ailleurs à sa recherche d’emploi qui était évidemment prioritaire.
En décembre 2003, faute d’avoir pu organiser une visite officielle de représentants de la commune de Roeser en raison de l’absence d’évolution positive du conflit survenu entre les dirigeants, SHR a saisi l’occasion d’un voyage en Argentine d’une sympathisante belge, qui avait participé comme musicienne à une soirée de partenariat avec les Kollas à Roeser. Mademoiselle Karin Ernens s’est donc rendu à Oran et à Salta, pour rencontrer les responsables de la Communauté et les professeurs de l’Université. Elle a rédigé un rapport en français qu’elle a transmis à SHR ainsi qu’au professeur Martin Herran qui maîtrise cette langue. Il répond en français en janvier 2004. Les points principaux de ce rapport sont transmis par SHR à la Communauté en avril 2004. Voir annexes 12.
Le 2 août 2004, le président de la Communauté nous faisait part, ainsi qu’à votre ministère, de la reconnaissance par l’Unesco de la nouvelle « Reserva de la Biosphère de las Yungas » intervenue le 16.12.2002. (voir annexe 13). L’intérêt soulevé par le conflit du gazoduc, dans lequel les indigènes ont été soutenus par Greenpeace ainsi que les études entreprises tant par les promoteurs du gazoduc que par les indigènes et l’Université de Salta, ont contribué aux démarches intervenues pour faire classer ce territoire en réserve naturelle.
Un courrier du 4 décembre 2005 à la Communauté (voir annexe 14), conjointement signé par le Bourgmestre de la Commune de Roeser et le Président de SHR, rapporte une réunion téléphonique importante qui est intervenue alors que les comptes soumis au « coralito » étaient enfin débloqués. En effet, compte tenu de l’obstruction faite par les dirigeants de Los Naranjos déjà mentionnés et de la paralysie des fonds occasionnée par le coralito, le projet de développement économique « Espérance pour un futur meilleur » qui avait été prévu pour se dérouler de 1996 à 1999, devait aux yeux des ONG ASTM et SHR, faire l’objet d’un rapport final d’ASTM, impliquant le retour des fonds encore non dépensés (environ un tiers). Ces fonds ont effectivement été retournés aux institutions concernées et le rapport final de ce projet complexe a effectivement été remis à la Commission européenne et au Ministère de la Coopération de Luxembourg en date du 7 avril 2006. Cette démarche, bien que justifiée, a contribué à la démobilisation des dirigeants de la communauté déjà confrontés aux conséquences locales de la division. A partir du décès de Francis Klein Premier échevin de la Commune de Roeser et seule personne à avoir fait partie des quatre délégations de Roeser qui visitèrent la Communauté en 1993, 1995, 1997 et 1999, la confiance dans la pérennité du partenariat était déjà sensiblement ébranlée.
Dans ce courrier du 4 décembre 2005 il est mentionné que le projet de Diagnostic est à part et que la communauté doit liquider le solde encore en compte pour solder les demandes de l’université éventuellement en suspens. Il est conseillé à la Communauté de demander à l’université copie de tous les documents réalisés. Dans les semaines suivantes les efforts des ONG et de la Communauté pour rapatrier les fonds non dépensés et produire les rapports comptables et les rapports circonstanciés du projet « Espérance pour un futur meilleur » absorbèrent toutes les énergies. Le projet diagnostic est resté pour sa part sans rapport final de la part de la Communauté et des universités et notre ONG qui disposait par ailleurs, comme ce rapport tardif en témoigne, de nombreuses traces de la bonne réalisation des travaux accomplis, n’a pas eu le cœur à réclamer ces comptes rendus.